Malgré une baisse ces dernières années, des milliers d’enfants continuent de travailler dans des conditions dangereuses au Bénin. C’est le cas de Joséphine, 13 ans, qui extrait du gravier dans le département du Couffo.
Adjintimey, un arrondissement du département du Couffo. Une carrière d’extraction de graviers s’étend à perte de vue. Des dizaines d’enfants, âgés de 9 à 15 ans, y travaillent sans relâche. La majorité sont des filles. Parmi elles, Joséphine, 13 ans, dont les mains sont marquées par des heures passées à ramasser des cailloux.
Sur cette carrière de sable où travaillent des dizaines d’enfants, des graviers sont tamisés par des femmes et des adolescentes avant d’être portés puis déversés sur un lieu fixe. Portant sur la tête des kilos de pierre, Joséphine fait cet aller-retour incessant toute la journée, en sueur et sans repos.
Joséphine raconte : » je viens ici pour extraire du gravier, parce que je n’ai plus mes parents. Je n’ai personne. Je suis ici tous les jours, et je travaille de 10 heures à 17 heures. Nous sommes payés en fonction du nombre de bassines de gravier que nous fournissons. Moi j’arrive à me faire 1000f voire 1500 francs cfa par jour « .
Ce travail, Joséphine le fait parce qu’elle n’a pas eu la chance d’aller à l’école. Elle explique :
» Je n’ai jamais été à l’école. Si je fais ce travail, c’est pour me payer une formation professionnelle afin de devenir coiffeuse. J’aime beaucoup la coiffure. »
En moins de dix ans au Bénin, le taux de travail des enfants, pour les 5 à 17 ans, est passé de plus de 50 % en 2014 à moins de 20 % en 2021-2022, selon les dernières données du MICS. Cependant, 27,5 % d’entre eux travaillent encore dans des conditions dangereuses, notamment dans l’agriculture, les mines, et le bâtiment. Le travail des enfants dans les carrières de sable, sur les chantiers de construction, dans les marchés, met en péril leur santé, leur éducation et leur avenir – freinant ainsi le développement du pays.
Le département du Couffo est le plus pauvre du pays. 35,6 % d’enfants de 5 à 17 ans y travaillent, dont près de 50 % dans des conditions dangereuses.
Grâce au programme financé par le Luxembourg, 30 visites d’inspection ont pu être menées dans le Zou et le Couffo, entre août 2024 et février 2025. Ces interventions ont permis d’assister près de 2500 enfants en situation de travail dont 112 ont été retirés de conditions de travail critiques et ont bénéficié, de la part des GUPS, d’une prise en charge adaptée à leur cas. Lors de ces inspections, 600 parents ou tuteurs ont signé des engagements écrits pour protéger les enfants. Ces mesures envoient un signal clair aux communautés : une tolérance zéro face au travail des enfants.
Landry Koklannou (Unicef)
