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Prise en charge holistique des victimes de VBG au Bénin: Nécessité de renforcer le volet socioéconomique

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La politique renforcée de l’Etat béninois au sujet de la prévention et de la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG) est centrée sur une prise en charge qui se veut holistique, intégrée. Le volet économique positionné au bout de la chaine de l’accompagnement social mais capital au regard des principales causes des VBG, se trouve être encore le parent pauvre.

La « Médiation et réintégration/réinsertion » est l’une des prestations inscrites dans la prise en charge des personnes victimes ou survivantes de violences basées sur le genre (VBG) en République du Bénin, selon les Procédures Opérationnelles Standardisées (POS). « En matière de VBG, elle […] facilite la réintégration/réinsertion sociale aussi bien de la victime que de l’auteur. Ce processus prend en compte le renforcement de capacités de la victime pour son autonomisation », indique le rapport d’étude de référence 2022 sur les VBG au Bénin. Il s’agit du volet portant « réintégration socioéconomique des victimes ou survivantes à travers la formation à des activités génératrices de revenus (AGR), l’appui à travers des micro-crédits, le soutien à l’insertion professionnelle, etc. », explique Hermine Bokossa, spécialiste genre. Autrement, c’est ici qu’intervient la prise en charge économique pour aider les victimes ou survivantes à bâtir ou rebâtir une indépendance financière. Ceci, à travers des formations professionnelles, des appuis pour l’obtention d’emploi ou la création de microentreprises, etc. « C’est un volet pour l’autonomisation financière des survivantes », résume Dr Guy Bio Yérima, médecin coordonnateur du Centre intégré de prise en charge des victimes et des survivants(es) de violences basées sur le genre (CIPEC-VBG) de Cotonou.

Une insuffisance de la prise en charge

C’est l’une des missions dédiées aux CIPEC. « Les Centres intégrés départementaux de coordination comportent les sections suivantes : la section ‘’ Accueil et Réhabilitation Sociale’’ : elle est chargée de la réception et de la préparation des dossiers des victimes et survivants (es) de violences basées sur le genre, de leur prise en charge, de leur suivi et de leur réinsertion sociale », extrait de l’article 8 du décret N°2012-22a du 13 août 2012 portant création, composition, attributions et fonctionnement des centres intégrés départementaux de coordination pour la prise en charge des victimes et survivants (es) de violences basées sur le genre. Ce volet fait partie des défis de la prise en charge holistique des victimes et survivantes de VBG au Bénin. Il demeure encore le parent pauvre, à en croire Dr Guy Bio Yérima. L’ autonomisation reste l’insuffisance des Cipec.

Dans certains cas, ceci peut donner un goût inachevé au processus de prise en charge vue les causes de ces violences. « Généralement, quand vous observez bien, la plupart des filles qui sont victimes de ces violences sont en situation d’extrême vulnérabilité », rapporte Bansouomou Rodrigue MOUNANA, chargé de projet à l’Ong Famille Nutrition et Développement (FND). « La plupart des violences ont lien à l’état de précarité des victimes ; le fait qu’elles n’ont pas les moyens, ont des difficultés à s’alimenter, etc. La pauvreté, le bas niveau social, est l’une des causes, voire la principale cause des VBG », souligne Dr Guy Bio Yérima. « Les indicateurs de niveau de vie jouent également un rôle important dans les différences de comportements en matière de VBG. Ces causes sont diverses selon le contexte et les acteurs. Elles se retrouvent sur les plans culturel, social, religieux et économique », confirme le rapport de l’étude 2022 sur les VBG.

Il faut lutter contre la pauvreté

Ce tableau montre l’importance de renforcer le volet économique dans la prise en charge. « Normalement, si une prise en charge est faite pour l’ensemble des aspects qu’on a cités – prise en charge médicale, sociale, psychologique et judiciaire, ndlr-, il faut aussi lutter contre la pauvreté ; essayer de donner à la survivante une certaine autonomie financière pour lui permettre de ne plus retourner dans des situations d’indépendance. Donc, il fallait qu’on ait des programmes qui les aident à créer des AGR, apprendre un métier pour avoir une petite indépendance financière », propose le coordonnateur du CIPEC-VBG de Cotonou. 

Les CIPEC n’ont pas encore un mécanisme propre bien fonctionnel à cet effet mais ils ont parfois des partenaires qui interviennent dans ce domaine. « Au cours de l’année 2024, nous avons aidé 50 victimes par zone de couverture des CIPEC. Elles ont suivi des séances de formation sur les compétences de vie pour savoir comment s’affirmer dans la société, avoir l’estime et la confiance de soi. Après, elles ont été initiées à la gestion puis il y a eu des formations pratiques. Certaines d’entre elles ont choisi des AGR ; d’autres ont mis en place des micro-entreprises. Certaines victimes qui étaient dans les domaines de métiers (coiffure, couture) mais ont abandonné à cause des violences des maries, on les a aidées à s’installer. Cela va leur permettre d’avoir un revenu même si elle est petite », a-t-il rapporté.  

« La victime, on la prend en charge mais après le processus, elle devient quoi ? Il faut l’aider à remonter la situation à travers l’autonomisation pour ne plus tomber », plaide Dr Guy Bio Yérima. 

Avec CeRADIS-ONG, membre de l’Alliance Droits & Santé

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