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Prise en charge des victimes de VBG au Bénin: Le certificat médical, un acte clé difficile à obtenir

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(L’implication des médecins généralistes, une impérieuse nécessité)

Le certificat médical est une pièce maîtresse dans le processus de la prise en charge des victimes et survivants-es de violences sexuelles. Au Bénin, face aux difficultés liées à sa délivrance, le recours aux médecins généralistes paraît une alternative.

L’acte gynécologique pour la délivrance du certificat médical en vue de la prise en charge des victimes de viol au Bénin est du ressort des gynécologues dans le secteur public. C’est le début de calvaire des victimes d’agression sexuelle. La réalité n’est pas toujours ce qui est prévu par l’arrêté interministériel portant conditions de délivrance du certificat médical aux victimes de violences basées sur le genre pris le 8 juillet 2022 par le ministère des affaires sociales et de la microfinance, le ministère de la santé, le ministère de la justice et de la législation et le ministère de l’intérieur et de la sécurité publique. « Sur le terrain il y a des blocages, des calvaires pour l’obtention du certificat médical. On finit d’écouter la victime et on dit que le formulaire est long, ou de venir avec le formulaire, le temps de payement est long, etc. La loi est là pour celle ou ceux qui en ont connaissance. C’est celles qui en ont connaissance qui en jouissent. Sinon, vous restez à la case de départ », rapporte le chargé de projet de l’Ong Famille Nutrition et Développement (FND) Bansouomou Rodrigue MOUNANA.

Certains médecins manifestent une réticence à s’y engager. « Les collègues de la périphérie étaient réticents à prendre les victimes qu’ils envoyaient systématiquement au CIPeC/VBG. Ces dernières passaient des heures voire des jours avant d’être prises en charge, faute de gynécologue », rapporte Dr Guy Bio YERIMA, Coordonnateur du CIPeC/VBG Cotonou. Laquelle réticence est liée entre autres, aux difficultés de remboursement des frais de certificat médical. « Dans la pratique, on s’est rendu compte que ça ne va pas dont le délai de remboursement des frais aux médecins ; ils sont démotivés – les médecins, ndlr- », confie Hermine BOKOSSA de EngenderHealth. L’insuffisance de gynécologues obstétriciens pour une couverture nationale constitue aussi un goulot d’étranglement dans l’atteinte des résultats des Centres intégrés de prise en charge des victimes et de survivants(es) de violences basées sur le genre (CIPEC-VBG). 

En réalité, le certificat médical est une clé de la prise en charge médicale des victimes de violences basées sur le genre. Ce document atteste du viol pour déclencher la prise en charge gratuite. « L’établissement du certificat médical est une occasion pour collecter de façon exhaustive les informations sur les circonstances de survenue et les plaintes de la victime. L’examen gynécologique et les prélèvements qui sont faits, y compris les photos qui sont prises, permettent d’attester des faits allégués », déclarait le ministre de la santé, Professeur Benjamin HOUNKPATIN. Il ajoute qu’« il est impérativement souhaité que dans les deux heures de temps maximum suivant leur arrivée, qu’elles soient prises en charge pour la préservation des preuves, les soins et la délivrance du Certificat médical qui doit permettre d’enclencher le reste de la procédure ».

Les médecins généralistes, l’ouf de soulagement

En réponse aux difficultés qui entourent l’obtention de cette pièce, l’implication des médecins généralistes s’est apparue comme un début de solution d’après une expérience en cours depuis 2024 avec la participation de la coordination des CIPeC. Il s’agit du renforcement des capacités des médecins généralistes tant du public que du privé sur l’examen gynécologique des victimes de violences sexuelles d’une part et de leur implication davantage dans cette prise en charge à tous les niveaux de la pyramide sanitaire en collaboration avec les CIPeC/VBG. En 2024 par exemple, ils ont été formés sur la prise en charge médicale des victimes de VBG, les différentes formes de l’hymen et ses différents aspects après agression, la rédaction du certificat médical et le mécanisme de remboursement des frais du certificat. « Le renforcement de capacité des médecins généralistes sur la prise en charge médicale des victimes de VBG s’est déroulée de façon participative avec une phase théorique et des exercices pratiques sur mannequins et aussi en milieu hospitalier sur des clientes venues en consultation. Cela m’a permis de cerner de façon réelle, toutes les réalités de cette prise en charge », témoigne Dr Barnard AKAKPO, interne des hôpitaux. Du 06 au 08 mai 2025, il y a eu une nouvelle vague de cette formation dans la Donga.

Cette expérience permet d’améliorer la couverture du pays en médecins capables d’assurer la prise en charge médicale des victimes de VBG et de parer à l’insuffisance en termes d’effectif de médecins gynécologues. Cette approche, si elle est généralisée, impacterait à coup sûr la réduction des tracasseries des victimes pour leur prise en charge médicale. « Avec cette formation, des médecins aptes à la prise en charge sont désormais disponibles dans la plupart des communes de notre zone d’intervention (15 sur 23). Cela désengorge le CIPeC/VBG et réduit considérablement les tracasseries des victimes et survivantes. Le renforcement de capacité/compétence de 60 médecins généralistes pour le compte du CIPeC/VBG de Cotonou constitue un ouf de soulagement pour mon équipe et moi. », témoigne Dr Guy Bio YERIMA, Coordonnateur du CIPeC/VBG Cotonou. Le renforcement des compétences, la maîtrise et la facilité en termes de constitution du dossier et du circuit de remboursement des frais de certificat médical susciteront davantage l’engagement de ces médecins pour la prise en charge médicale des victimes.

Avec CeRADIS-ONG, membre de l’Alliance Droits & Santé

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