Au village Porhoum dans la commune de Tanguiéta au Nord-Bénin, 199 femmes hôtes, déplacées et demandeuses d’asile retrouvent sur le site Sinahoun, une terre mieux aménagée pour exercer leurs activités de maraichage, et ce, très soulagées avec des matériels plus appropriés. Devant elles, elles voient se dessiner une certitude pour leur auto-alimentation mais aussi leur autonomisation et épanouissement économique. Derrière ceci, le Programme alimentaire mondial (PAM) au titre de ses activités de résilience.

Née le 30 janvier 1962, dame Tandjioma Kassa vit à Porhoum dans la commune de Tanguiéta, département de l’Atacora au Bénin. La grand-mère s’adonne au maraichage avec d’autres femmes et aussi ses enfants. « Nous travaillons ici chaque petit matin et soir. Nous faisons des légumes, du piment, de la tomate … », affirme-t-elle. Mais c’est avec beaucoup de peine et sans grand changement depuis deux décennies déjà. « Maman travaille avec beaucoup de difficulté. Elle n’a pas les moyens mais elle s’efforce. Je parle du matériel. Par exemple pour arroser, c’est avec des bols qu’elles –Tandjioma Kassa et ses paires agricultrices, ndlr- vont chercher l’eau et arroser. Aussi, le sol ici ne donne pas bien. Quand la récolte est abondante une année, elles ont encore des soucis pour le transport vers le marché… C’est avec beaucoup de peine qu’elles font ce travail sans pourvoir en tirer beaucoup de profit… ». raconte son fils Maurice Sagui. Pourtant, Maurice veut désormais se concentrer sur cette activité avec sa mère. « Je veux travailler avec elle désormais parce que je vois qu’avec le jardinage, si on a les matériels et l’espace, tu peux devenir millionnaire. C’est un bon travail », affirme-t-il ce mardi 6 mai 2025 dans l’un des champs de sa génitrice endurante. Et pour cause !
Le secours pragmatique du PAM

Maurice voit désormais un avenir radieux émergé enfin dans cette activité que mène sa mère. Elle a désormais à disposition, des matériels pour lui faciliter le travail et aussi une grande superficie de terre aménagée à cet effet. En effet, un nouvel acteur est apparu à leur côté. Il s’agit du Programme alimentaire mondial (PAM) dans ses interventions au profit pas seulement de dame Tandjioma Kassa mais aussi de plusieurs communautés demandeuses d’asile et hôtes entre qui l’organisme installe et renforce le brassage et la cohésion sociale. Tandjioma Kassa fait partie d’une cible de 199 femmes et hommes – 40% d’homme- répartis en des sous-comités sur le site Sinahoun de production et vente de produits maraichers. « C’est des communautés hôtes, refugiées et déplacées qui travaillent ensemble », précise Colette Boundé, chargée de la préparation et réponse à l’urgence au niveau de l’antenne du PAM à Natitingou.
A l’en croire, l’action du PAM en faveur de ces communautés a consisté en la formation, aménagement de terre et équipement. « C’est un site qui a été réaménagé par le PAM au profit des femmes hôtes, déplacées et refugiées. Le site était presque abandonné. Nous avons pu le rendre plus exploitable pour en tirer le meilleur profit. Le PAM a essayé de redynamiser ces femmes autour du site d’abord en les formant sur la vie associative, sur comment s’auto-prendre pour mieux vivre en groupe et mieux travailler en groupe. Après cela, nous les avons former sur le maraichage. Le PAM intervient ici dans le cadre des activités de résilience. L’objectif pour nous, c’est de renforcer ces communautés pour la résilience. L’activité principale ici pour le moment, c’est le maraichage. », renseigne Colette Boundé.

Elle explique qu’il s’agit d’un choix en réponse aux besoins exprimés par ces communautés. « Au niveau du PAM, nous avons d’abord fait des planifications participatives communautaires avec ces communautés. Lors de ces planifications, on a identifié leurs réels besoins avant de venir travailler sur le site. C’est elles-mêmes qui ont identifié le site et ont exprimé le désir de faire du maraichage. Avec l’appui du PAM, on a identifié ensemble ce dont elles ont besoin pour redonner vie à ce site. C’est comme ça nous sommes passés à l’action. Nous avons apporté à cette communauté les semences de piment, de tomate même les plans de moringa et les arbres fructueux. Nous leur avons aussi apporter du matériel pour faciliter le travail sur le site et leur permettre vraiment d’être épanouir dans ce qu’elles ont décidé de faire. L’objectif, c’est que le site soit vraiment exploité par ces communautés et qu’elles puissent produire tous ces légumes, les revendre pour économiquement s’auto-épanouir et aussi bien s’alimenter au niveau de leur ménage », indique la chargée de la préparation et réponse à l’urgence au niveau de l’antenne du PAM à Natitingou.
« Les activités avancent mieux »
Déjà sur demie hectare d’un côté, elles ont produit et récoltent des légumes, du piment, de la tomate, etc. en attendant la fin de la saison pluvieuse qui s’annonce pour emblaver une superficie d’un (1) hectare déjà aménagé de l’autre côté. Bien avant, elles cultiveront aussi de l’arachide. Sur le site existe un dispositif pour l’arrosage ; elles disposent des motopompes, des panneaux solaires, d’un tricycle, des tonneaux et d’autres matériels pour le travail. De chaque côté, il y a un barrage d’eau. « Avant, on n’avait pas les matériels de travail. Maintenant, on les a. L’aide du PAM a amené de grandes choses », témoigne Maurice Sagui.

Dame Tandjioma Kassa avoue que déjà sur les premières superficies emblavées, elle arrive à bien alimenter les membres de son ménage et garantir, dit-elle, « leur santé ». Elle informe qu’elle vend une partie de ses récoltes au marché pour subvenir aux autres besoins du ménage. Autrefois, elle devrait vendre une partie du stock de céréale qui est à la maison pour répondre à ces besoins. « Désormais, c’est dans le jardin que je trouve l’argent pour gérer les problèmes à la maison. Avec l’aide du PAM, la formation, les semences et les matériels, c’est bon pour moi ; les activités avancent mieux », témoigne “la mémé” au nom de ses jeunes collègues agricultrices sur le site de Sinahoun.
