Des activités de pérennisation du programme de cantine scolaire dans les écoles au Bénin, certains enseignants acquièrent des expériences dont ils vont vivre notamment pendant leur retraite. A l’école primaire publique Gobada dans la commune de Savalou, les directeurs des deux groupes s’en sortent éleveurs de volailles pour la vie d’après l’école. La cantine scolaire reste pour eux, une école professionnelle.

Rodrigue Béhanzin est instituteur. Déjà 20 ans de carrière dans l’enseignement primaire au Bénin. Il est actuellement en service à l’école primaire publique Gobada dans la commune de Savalou, en qualité de directeur. Son projet de retraite, du moins l’un de ses projets, est déjà précis dans sa tête. « Je suis déjà dans ma vingtième année de carrière. Après l’école, je vais continuer avec l’élevage », nous confie-t-il sous un manguier cet après-midi du lundi 17 juin 2024 dans son école. Pourtant, il y a quelques années, il n’avait aucun secret de l’élevage de volailles. Mais aujourd’hui, il en parle avec passion. Certaines personnes le surnomment « directeur poulet », « Papa poulet », « docteur poulet », « expert poulet », etc.
L’instituteur Rodrigue Béhanzin doit ses compétences en élevage de volailles au Programme national d’alimentation scolaire intégré (PNASI). C’est en 2019 qu’il a adhéré à la proposition d’un médiateur cantine scolaire, Nestor Houndété, d’installer une unité d’élevage de volailles dans son école en plus du jardin pour pouvoir accompagner la cantine scolaire. Avec l’appui de ses collaborateurs, le directeur d’école qu’il est, a démarré l’expérience avec moins d’une vingtaine de poulets acquis sur fonds propres pour les premiers achats. C’est sans aucune notion précise sur l’activité jusqu’au moment où il saisit l’occasion d’une courte formation pendant les vacances. « Je me débrouillais. Pendant les vacances, il y a quelqu’un qui a organisé une formation de 4 jours -2 jours pour le jardinage et 2 jours pour l’élevage-. J’ai payé pour y participer. Il nous a donné des bribes de connaissance. J’ai saisi donc les produits qu’on nous a indiqués ; j’ai commencé par appliquer », s’en souvient-t-il. « J’ai essayé aussi de me faire ami à un vétérinaire du milieu. Lui, il vient me donner quelques notions sur le soin », ajoute-t-il.
Les poulets d’abord, les enfants après

Depuis, ce directeur a pris goût à cette activité au point de sacrifier même ses périodes de congé et de vacances. « A cause de ceci, depuis un temps, je n’arrive pas à voyager pour aller en vacances. Je reste ici. Si je dois même faire une ou deux semaines quelque part, j’instruire mes enfants. De là-bas on est toujours en communication. Un jour, ils ont dit ‘’quand papa appelle, il ne demande pas comment les enfants se portent, c’est les poulets il demande’’. », rapporte-t-il. Il s’est donné corps et âme pour réussir l’initiative dans le but que ses écoliers et écolières aient de protéine animal sur leur repas à la cantine.
En même temps, il en a profité pour faire ses armes dans le domaine. Ses enfants qu’il sollicitait dans cette activité ont été aussi initiés. Il compte renforcer cette expérience pour sa retraire. « Je cherche même à me former encore. Je vais faire une formation digne du nom », annonce le directeur. Mais déjà avant lui, son homologue du groupe B dans cette école s’en est déjà inspiré. « Mon second n’a pas fait l’élevage dans l’école. Mais quand j’ai commencé, il a pris goût. Il a commencé. Il a créé une ferme déjà. Cette année, il va à la retraite », informe Rodrigue Béhanzin. Bientôt, le sien.