34 ans. Marié et père de deux enfants dont une fille et un garçon. Moussa est l’une des personnes déplacées d’origine burkinabè bénéficiaires de l’assistance humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM) aux demandeurs d’asiles au Bénin. Grâce à cet appui, il revit depuis peu sa passion dans l’agriculture et le commerce, et nourrit de grandes ambitions à Tanguiéta au Nord-Bénin où il se sent à l’aise.
« Quand le ‘’show’’ avait commencé, on a constaté automatiquement que ça n’allait pas dans le village. Ces choses qu’on entendait ailleurs, aujourd’hui, c’est arrivé chez nous. On est sorti du village ». Moussa préfère aujourd’hui utiliser des expressions plus douces pour raconter le contexte d’insécurité qui l’a contraint à fuir son village Partiaga au Burkina Faso pour s’installer au Bénin en 2022. De Partiaga en passant par Fada N’Gourman puis Nadiagou à l’Est du Burkina Faso, il arrive à Porga au Nord-Ouest du Bénin pour rejoindre Tanguiéta avec sa petite famille sans destination fixe ni fortune pour survivre.
Après s’être trouvé un ménage d’accueil, Moussa devra se battre pour le pain quotidien. La seule porte qui s’ouvre à lui, c’est le chargement des camions avec d’autres compatriotes ayant aussi fui la crise au pays. « Au début, on était dans le chargement. Si on voit quelqu’un en train de charger, on va là-bas pour l’aider », raconte Moussa. « Quand on est arrivé, ce n’était pas facile. Quand il y a un véhicule qui veut faire chargement de ciment par exemple, on se ‘’mélange’’ avec eux. On gagne quelque chose pour revenir dans la famille. Dans la journée, on peut avoir 2500 F. Mais ce n’est pas tous les jours. Par mois, on peut trouver 10 chargements », confirme son jeune ami Idrissa de 32 ans venu au Bénin un an plutôt que lui. Moussa souligne que ce revenu était en deçà des besoins alimentaires et autres de leurs petites familles respectives.
Le PAM à la rescousse
En 2023, il commence par recevoir le secours du Programme alimentaire mondial (PAM). « Le PAM nous a donné 58.000 F par mois sur une période de 3 mois », informe-t-il. Heureusement, à en croire Idrissa. « Sans l’appui du PAM, on ne savait pas comment on allait vivre ici. C’était difficile. » Cet appui périodique a changé le coup de vie de Moussa comme celui de ses pairs demandeurs d’asile au Bénin.
Avec cet appui financier, le jeune homme ne s’est pas contenté de s’offrir une ration alimentaire pour garantir une bonne alimentation à sa famille. Il a fait l’option de prendre une partie pour se lancer dans l’agriculture, étant déjà cultivateur chez lui à Partiaga au Burkina Faso. « Dans ce que le PAM nous a donné, j’ai pris une partie pour louer deux hectares de terrain à cultiver à 30.000 F. J’ai semé du sésame et au moment de la récolte, j’ai eu six sacs de sésame dont l’unité a été vendue à 70.000 F. Mais il faut dire la récolte n’a pas bien donné à cause du manque d’eau. », rapporte-il. Outre les dépenses familiales, ce fonds de vente lui a permis de commencer aussi le commerce du maïs entre deux saisons de culture. « Je paie le maïs et je revends », affirme Moussa. Désormais, il vit mieux avec sa famille et ses compatriotes à Tanguiéta. « Maintenant nous-mêmes, nous sommes devenus des habitants de Tanguiéta, des Béninois. Quand je sors, des gens m’appellent ‘’le Béninois’’. Les populations sont accueillantes et nous sommes devenus comme des frères », raconte Idrissa. « L’appui du PAM nous a permis de nous relever et de nous reconstruire socialement, financièrement » renchérit Idrissa.
Dans l’espoir de devenir propriétaire terrien
Moussa compte renforcer ses capacités dans les activités champêtres en dépit des difficultés d‘accès à la terre qu’il rencontre. « On peut louer, et après, d’autres personnes viennent dire que l’endroit n’est pas pour celui qui nous l’a loué alors qu’on a déjà donné l’argent ; peut-être ils sont des frères », raconte-t-il. Son ami Idrissa ajoute : « Chaque année, on court par ci par là pour louer. Parfois les propriétaires, peuvent aller nous mettre là où il y a l’eau ou là où le terrain n’est pas fertile. L’année passée, on a loué le champ à 15.000 F. Cette année, vu qu’il y a beaucoup de déplacés, ils ont ramené le champ à 25.000 F par hectare. Cela fait que beaucoup de gens parmi nous ne savent plus ce qu’ils vont faire ».
Néanmoins, Moussa et son ami ne désespèrent pas. Ils pensent trouver une solution durable à ces difficultés foncières. C’est comptant avec le soutien du PAM. « On veut que le PAM nous aide à devenir propriétaire terrien. Si le PAM nous aide à avoir notre propre terre, on va cultiver du riz, sésame, maïs et mil », lance Moussa.