Propreté, nouvelles techniques de production, qualité, accroissement de la productivité, accès au marché, augmentation du capital, bonnes pratiques de gestion financière, coopérative formalisée, progrès et joie en famille. La coopérative Femmes debout de Tanguiéta basée au quartier Djire-djire beri change de cap juste après quelques années de collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM). Comment le PAM change la vie des coopératives autrefois informelles et limitées en de vraies actrices de développement pour booster l’économie locale et nourrir des familles.

La coopérative Femmes debout, productrice de céréales dont le haricot, le riz et le maïs à Tanguiéta, est l’une des bénéficiaires de l’appui du Programme alimentaire mondial (PAM) aux producteurs locaux. « Le PAM, dans le cadre des achats, promeut les achats locaux. Ces achats locaux sont basés aussi sur la production qui est faite par les coopératives y compris les coopératives de femmes. L’autonomisation de la femme est un volet transversal de l’appui du PAM et cela intègre aussi l’identification de ces coopératives, leur accompagnement et l’appui pour qu’elles puissent accéder au marché du PAM et potentiellement à d’autres marchés qui peuvent les aider à accroitre leurs revenus et améliorer leur positionnement dans leur commune », informe Calixte Dassey Capo, chargé genre et protection au Bureau PAM à Cotonou. Entre l’institution et cette coopérative, les fruits portent déjà la promesse des fleurs.

« Nous existons il y a dix ans. Mais on n’était pas formalisé. C’est depuis 2022, le 15 décembre 2022, quand on a appris qu’on peut travailler aussi avec PAM. On a été à leur formation, on a eu le goût et le courage de travailler avec PAM. L’année 2023-2024, on a pu livrer 217 tonnes de riz et 10,5 tonnes de niébé à PAM. Nous sommes en train de trouver un marché avec ANAN -Agence nationale de l’alimentation et de la nutrition, ndlr-. Si ce n’était pas l’appui du PAM, on ne serait pas à ce niveau », raconte la présidente Rose Natta très heureuse de noter le bon rapide de son groupement dont la capacité tournait autour de 40 tonnes il y a encore 5 ans. Cette année, le groupement a promis à l’ANAN 250 tonnes de niébé et 250 tonnes de riz blanc.

Ces femmes y sont arrivées grâce à des formations reçues du PAM. « On a reçu plus de 6 formations », souligne la présidente. Ces formations sont en deux grands volets, selon Calixte Dassey Capo, chargé genre et protection au Bureau PAM à Cotonou. Le premier volet est relatif à la gestion post récolte. « Les achats locaux sont basés sur la qualité de la production. Le PAM est exigeant sur la qualité. On accompagne les coopératives à pouvoir identifier les facteurs qui peuvent constituer des risques sur la qualité des produits », confie-t-il. Le second volet, informe-t-il, est lié à la gestion des groupements, la qualité de la gestion, le leadership féminin, l’éducation sur accès au marché et partenariat, la finance digitale. « Ce sont deux gros volets pour accompagner ces groupements de femmes à vraiment s’asseoir, se développer, accéder au marché et pouvoir se positionner comme des partenaires qui offrent des produits de bonne qualité. Il faut un accompagnement pour qu’ils – les groupements, ndlr- vendent leurs produits à des prix rémunérateurs et qui leur permettent de rentabiliser et de tirer le meilleur bénéfice pour eux, leurs familles et pour la communauté. L’un des objectifs, c’est de booster l’économie locale. Les achats locaux permettent d’injecter de l’argent dans l‘économie locale. » résume Calixte Dassey Capo. Visiblement, les Femmes debout de Tanguiéta ont pris très vite le pli. « Notre souci en travaillant avec PAM, c’est de servir des aliments sains. Et grâce à ces formations, nous savons désormais comment faire. Nous leur livrons la qualité. », affirme Kouagou N’Toua Delphine, membre de la coopérative.
« Fier d’être avec le PAM ; progrès dans les familles »
Ces formations ont été le socle de la nouvelle vie de la coopérative Femmes debout de Tanguiéta. « Les formations nous ont rendu autonome. On est devenu autonome. Le groupement femme debout est fier d’être avec le PAM et de mener nos activités avec le PAM », témoigne Kouagou N’Toua Delphine. Ceci se ressent dans leurs familles. « La manière de vivre avec nos enfants et nos maris à la maison a beaucoup changé. Avant, on comptait tout le temps sur l’homme. Avec ce que nous avons reçu comme formation avec le PAM, aujourd’hui on n’attend pas un homme pour acheter les condiments. Même quand l’homme n’est pas là, on est capable de sortir un sac de maïs et dire que c’est pour la famille. De même qu’au niveau de la scolarité de nos enfants », rapporte la présidente Rose Nata. « Avant, on ne vend pas assez. Il faut trouver le marché plus tard. Maintenant, on est sûr qu’on a un marché. On sait dans notre tête qu’il y a l’argent qui vient et on est motivé à aller au champ et sortir le fruit -le produit, ndlr-. Avec cette activité, nous avons eu beaucoup de progrès dans nos familles. Quand on vend, le revenu fait grandir nos familles. Ils sont très contents à la maison », renchérit Kouagou N’Toua Delphine.
Ibrahim Hama, élève en classe de 3ème, le sent aussi. Sa grand-mère Laouratou Mungua auprès de qui il vit avec d’autres enfants ne se fait plus de soucis pour répondre à leurs besoins scolaires ; à en croire Ibrahim. « Avec la coopérative Femme debout, on vit bien ; elle paie notre scolarité ; elle paie les fournitures scolaires pour nous ; elle nous donne à manger. On est nombreux. Avant, c’était un peu difficile. Si elle décide de ne plus aller à la coopérative, on va souffrir. C’est grâce à la coopérative Femme debout que je vais à l’école », témoigne Ibrahim Hama.
De jeunes producteurs agricoles en profitent bien

La coopérative Femmes debout à des collaborations avec des jeunes producteurs de Tanguiéta. Elle leur fait la restitution des formations, les appuie financièrement pour la culture et collecte auprès d’eux leurs produits pour vendre sur le marché du PAM et autres. « Le souci aussi c’est de développer la commune », justifie la présidente de la coopérative. « On profite de leur formation. Lorsque les conditions de travail changent, le rendement changent positivement et cela nous arrange », avoue Vincent Kombeto, producteur à Tanguiéta. « Producteurs hommes, nous nous sommes annexés à la coopérative pour garantir notre marché. Dans le cadre du programme avec PAM par exemple, nous savons déjà quelle est la variété de riz qui répond mieux à la demande. La stratégie de production a changé et la qualité est là. Nous savons aussi là où tourner les regards pour avoir de meilleures semences. Nous avons aussi un suivi », dira son collègue Raphaël Gnamouda. « Notre souhait, c’est que ces femmes grandissent davantage. Plus elles sourient, plus nous avons de la joie », confie Raphaël Gnamouda. Bientôt, ces femmes recevront du matériel en réponse à des besoins exprimés auprès du PAM.